La majorité des émeutes populaires a pour origine la baisse du pouvoir d’achat, lorsque les revenus des populations n’augmentent pas au même rythme que le coût de la vie. Et dans le contexte actuel difficile que nous connaissons, un nouveau facteur vient aujourd’hui aggraver cette tendance : le poids de la transition écologique.
Quelques faits historiques
La Révolution française de 1789 a des origines économiques. La gabelle (l’impôt sur le sel) écrasait déjà la population dans certaines régions à cette époque. Mais c’est surtout la libéralisation du commerce des grains en 1763 puis en 1787 qui fut à l’origine du soulèvement populaire. Cette mesure a fait fortement augmenter le prix du pain et donc affamé une partie de la population. Ce qui a causé la chute de la monarchie en France.
En Allemagne après la Première Guerre Mondiale, c’est l’hyperinflation et l’effondrement du mark qui ont joué un rôle important dans la victoire du parti Nazi aux élections de 1932. Le taux d’inflation en Chine en 1989 atteignait 18%, année des protestations de la Place Tiananmen.
En 2007 et 2008, l’Afrique de l’Ouest fut le théâtre de nombreuses émeutes de protestation contre la faim et l’augmentation du coût de l’essence. Le printemps arabe de 2011 fut une révolte contre la baisse du pouvoir d’achat et les régimes autocratiques. En 2019, le mouvement des « gilets jaunes » en France est né suite à l’augmentation du prix de l’essence.
Origines et conséquences de ces crises
Après chaque crise économique, les prix des matières premières montent fortement. Car l’offre cesse d’augmenter pendant quelques années, faute d’investissements ou bien d’une pénurie de main-d’oeuvre. Alors que la demande de son côté rebondit souvent plus vite que prévu.
Prenons l’exemple du prix du pétrole brent. Après la crise de 2000 – 2002, le prix a considérablement augmenté jusqu’à la mi-2008. Puis s’est écroulé avant de fortement rebondir jusqu’en 2011. Plus près de nous, depuis le point bas de mars 2020, le prix du pétrole monte. Il est revenu presqu’au niveau d’avant crise du Covid :
Concernant les prix à la pompe, les dernières statistiques sont les suivantes : au 17 mai 2021, le prix d’un gallon d’essence aux Etats-Unis est de $ 3,12, soit une hausse de 60% en un an. En France, où les taxes représentent plus de 60% du prix à la pompe, le prix du Sans Plomb 95 est de 1,53 € par litre, soit +26% sur un an.
Pour rappel, en 2019, la crise des « gilets jaunes » a éclaté au prix de 1,60 € le litre. A l’Ile Maurice, où le prix des carburants ne fluctue pas en fonction du cours mondial mais est contrôlé via la State Trading Corporation, un litre d’essence coûte aujourd’hui Rs. 48,40, suite à une augmentation de 10% le mois dernier, la première augmentation depuis la baisse de juin 2019. Le prix le plus haut fut de Rs. 52.25 en 2013 et 2014.
On peut observer la même situation au niveau agricole avec les cours respectifs du blé et du soja :
Blé :
Soja :
La transition écologique, un mal nécessaire mais fatal au pouvoir d’achat
Mais ce qui est nouveau cette fois-ci, c’est le diktat politique qu’est la transition écologique, née de l’urgence climatique :
- l’électricité doit devenir propre et ne plus utiliser d’énergie fossile
les voitures ne doivent plus avoir de moteur thermique mais un moteur électrique. Avec une période de transition où l’hybride sera toléré
Alors pourquoi le pétrole monte-t-il, malgré la suppression annoncée des véhicules à moteur thermique ?
D’abord parce que la demande ne va pas baisser, à cause de la demande croissante des pays émergents. En 2019, la demande de pétrole (100 millions de barils/jour) provenait à 48% des pays de l’OCDE et à 52% des pays non-OCDE (émergents). Pour 2026, les prévisions de l’Agence Internationale de l’Energie font état d’une consommation moyenne de 104 millions de barils/jour, répartie 44% OCDE et 56% non-OCDE.
Ensuite parce que la réduction de la production de gaz de schiste et la pression exercée sur les compagnies pétrolières (qui incluent de lourdes pénalités financières) pour produire de l’électricité “propre” au lieu de continuer à investir dans la production de pétrole aboutissent à une baisse continue de l’investissement. Et donc obligatoirement à une réduction prévisible des capacités de production, alors que la demande ne baisse pas !
Et simultanément, les batteries des voitures électriques ont besoin de toujours plus de lithium et de cuivre, entre autres.
Voici le résultat :
Global X Lithium & Battery Tech ETF :
Global X Copper Miners ETF :
La gestion politique au pied du mur
Les politiques ont donc réussi le double exploit, sous couvert de transition écologique, de :
- faire exploser la demande des nombreux matériaux nécessaires pour la production de batteries
- tout en faisant monter le prix du pétrole en parallèle
Les marchés financiers s’émeuvent de la hausse de l’inflation au-delà de 4% aux Etats-Unis ? Nous pensons que la situation est effectivement très inquiétante d’un point de vue économique mais surtout politique :
1. La hausse de presque toutes les matières premières, notamment l’alimentaire et le pétrole, va fortement impacter le pouvoir d’achat des populations. Les voitures électriques, qui sont plus chères à produire que les véhicules à moteur thermique, vont le rester un certain temps
2. Il est probable que les Gouvernements vont augmenter les impôts directs et indirects, afin de tenter d’enrayer la spirale de dette engendrée par la croissance négative en 2020 et même en 2021 pour les pays dépendant du tourisme, comme Maurice
3. Tout ceci dans un contexte mondial de défiance généralisée vis-à-vis des politiques. Hormis Jacinda Ardern (en Nouvelle Zélande) et Xi Jinping (en Chine), il y a très peu de chefs d’Etat dont les citoyens considèrent qu’ils ont bien géré la crise du Covid.
Notre conclusion sur la transition écologique ?
La forte baisse attendue du pouvoir d’achat des populations aura des répercussions politiques majeures sur ce fonds de transition écologique menée à marche forcée.
En fabriquant une crise énergétique en plus de la hausse cyclique des matières premières agricoles et de l’augmentation inévitable des impôts, nous avons là les ingrédients parfaits pour des mouvements de contestation politique de très grande ampleur.
Du point de vue des investissements, les choix se font plus aujourd’hui en termes de secteurs d’activités que par région, car toutes les grandes entreprises de la planète sont des multinationales et vendent leurs produits dans le monde entier. La croissance en Chine sera toujours dans cette décennie un moteur important de profit pour tous les grands groupes, quelle que soit la localisation de leur maison mère.
Nous en profitons pour vous rappeler nos méthodes de travail.
Laisser un commentaire